Sable affamé

Marcher à travers les lagunes, dormir dos au passé,

Nager les larmes aux lèvres,

Oublier les routes éphémères qui défilent sous nos pas

Pour avaler les pluies et les fièvres.

Baiser les rives des fleuves qui n’existent plus.

Et tracer dans leurs lits asséchés l'echo des vagues mortes.

Et chercher les traits des visages qui tremblent.

Corps bringuebalés de vagues en pierres,

Sable gémissants arpentés

Après les marées de doutes et de ruptures.

Le désir dissout par les eaux froides et revêches

Flotte transparent parmi les reflets éjaculés.

Puis s’assombrit de boue

Et de la colère des hommes.

S’envolent alors,

Auréoles de satin,

Les pétales de chair

Et quelques feuilles d’humeurs assolaires.

Le lit asséché exhibe sa soif morte-née

Quand la terre assemencée

Fleurit comme un témoignage niant,

Immobile.

Colère veuve et orpheline.

Courroux endormi comme le volcan.

Leurs volontés sont au-delà de nous.

L’être advenu ; fruit du hasard.

Chavirement perpétuel.

Qui défait ma gloire,

Ma fierté,

Ma puissance,

Mes audaces et velléités éparpillées.

Limon de sentiments et de sensations

Déposé au creu des vallées, des forêts, des pierres, des cœurs

De ceux qui se balladent le long du temps.