Rosée

Une pluie fine d'airs espiègles

Vient rincer ma face de primate,

Rafraîchir ma colère,

Coulée d'itérations et tentatives flasques.

Huile d’allégresse et parcimonie de couleurs.

Rutilantes fresques de densités olfactives,

Mille provocations musquées

Qui me couchent absurde et sans volonté.

S’adonner, s’abaisser, s'accoutumer, s'abandonner.

Puis se réconcilier.

Être laissé pour mort parmi des corps endormis.

Porté par les mouvements et le signal pauvre de la réminiscence.

Domaines du doute et cadastre des corps.

Rappeler le bleu en terre de nuit,

Quand, dans l’envers du protocole,

Jouxtent des restes de peurs et de réjouissance

Mouillées des larmes du matin.

Humide candeur, comme une rosée sur les lèvres, attendant l’abondance.

Les Palmiers royaux balancent branches et feuilles

Au rythme de la résistance.

Quand les peupliers, mentons au ciel, détournent la tête.

Et dans la clarté reposée de mon sein,

J’entends se perdre la voix des fantômes atterrés.

Je veux m’éveiller nu,

Le corp écarté de surprise

Sous le ciel frondeur parfumé de cèdre,

Regarder la déroute innervée dans mon corps

Et le sel des premiers mots cristallisé sur mes lèvres,

La voir dans toute sa lenteur évaporer et dissoudre

Les derniers soupçons d'autoritarisme enjoliveur.

Aujourd'hui le vent glace mon sang sans force.

Mais l’herbe, sous mes pieds aux aguets,

S'emplie d'intentions et de langoureux reflets.